CONTEXTE
L’appareil unguéal est constitué de l’ongle, de la matrice unguéale permettant son renouvellement et sa croissance, et du lit de l’ongle sur lequel repose l’ongle. L’ongle est bordé latéralement et médialement par des bourrelets qui peuvent être plus ou moins charnus.
L’ongle incarné est une pathologie qui concerne le plus souvent le gros orteil (l’hallux). Il s’agit d’une lésion du bourrelet péri-unguéal qui peut se surinfecter.
Cette pathologie est favorisée par :
– Une mauvaise coupe de l’ongle
– Une sudation excessive
– Un chaussage inadapté, en particulier trop serré
– Des traumatismes ou des microtraumatismes répétés
– Une anomalie de la forme de l’ongle
Il est provoqué par la croissance de l’ongle lorsqu’il existe un conflit entre le bourrelet péri-unguéal ou le sillon péri-unguéal et l’ongle.
Il évolue en 3 stades :
– L’inflammation
– L’infection
– Le botriomycome ou bourgeon charnu
On parle d’ongle incarné quand le bord d’un ongle rentre dans la peau localisée sur les côtés (bourrelet péri-unguéal).
Il se manifeste par une rougeur et un gonflement de la zone, accompagnés d’une douleur plus ou moins intense, qui s’intensifie quand on appuie dessus ou quand on met des chaussures serrées. Si rien n’est fait, la douleur peut devenir permanente et s’intensifier. La peau est très rouge et la zone chaude. La peau sur les pourtours de l’ongle peut être très gonflée, rouge et très douloureuse (botriomycome ou bourgeon charnu), et siège d’un écoulement de liquide purulent. C’est le signe d’une infection.
TRAITEMENT MÉDICAL
Un soin lors d’une consultation avec un pédicure podologue peut vous être proposé.
En fonction de la cause de votre ongle incarné et de son stade évolutif il peut consister en :
– Un simple soin avec un apprentissage de la bonne coupe de l’ongle
– Une orthonyxie (appareillage métallique ou de résine que l’on fixe sur l’ongle, qui a pour but de corriger la courbure de l’ongle et de guider la pousse de l’ongle. Il permet ainsi de redonner une courbure physiologique à l’ongle dont l’exagération peut provoquer un ongle incarné),
– Une orthoplastie (espaceur visant à supprimer le conflit entre les orteils).
Risques et complications en l’absence de traitement :
Si rien n’est fait, la douleur peut devenir permanente et s’intensifier. La peau est très rouge et la zone chaude. La peau sur les pourtours de l’ongle peut être très gonflée, rouge et très douloureuse (botriomycome ou bourgeon charnu), et siège d’un écoulement de liquide purulent. C’est le signe d’une infection. Si l’infection atteint l’os on parle d’ostéite.
Si le traitement médical et les soins de pédicure ne permettent pas une guérison il faut souvent avoir recours au traitement chirurgical.
Toute intervention chirurgicale est planifiée avec votre chirurgien au cours d’une consultation afin de discuter de la technique la plus adaptée à votre pathologie et à l’abord chirurgical qui sera entrepris.
L’intervention est également précédée d’une consultation d’anesthésie à minimiser le risque de complications postopératoires et une récupération rapide.
INTERVENTION
L’intervention se déroule habituellement sous garrot placé à la racine de l’orteil.
Votre chirurgien va réséquer le bourgeon charnu ou botriomycome. La partie de l’ongle (bord interne, externe ou les deux) qui provoque le conflit est enlevée.
Une petite incision située à la base de l’ongle permet à votre chirurgien d’enlever la zone de la matrice unguéale (partie de l’ongle qui permet sa croissance et son renouvellement) responsable du conflit avec le bourrelet unguéal.
En fonction du stade de votre ongle incarné et des habitudes de votre chirurgien, des points de suture peuvent être réalisés ou non.
Après l’intervention des soins locaux doivent être réalisés jusqu’à cicatrisation complète.
Après ce type de chirurgie votre ongle sera un peu plus étroit et aura un bord rectiligne.
L’intervention se réalise en chirurgie ambulatoire (hospitalisation sur la journée) et l’anesthésie et très généralement locale associée à une sédation afin de ne ressentir aucune douleur lors du geste. Néanmoins, il revient au médecin anesthésiste la décision du type d’anesthésie le plus adapté à vos antécédents et à votre état de santé.
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POSTOPÉRATOIRE
L’appui est autorisé immédiatement en post opératoire, un pansement volumineux réalisé au bloc opératoire est à conserver deux jours puis des soins sont à réaliser par une infirmière au domicile tous les deux jours jusqu’à cicatrisation complète.
L’œdème (gonflement du pied et des orteils) est habituel en chirurgie de la cheville et/ou du pied, et n’est pas une complication.
La prise en charge de l’œdème est essentielle non seulement pour atténuer la douleur mais aussi pour améliorer la qualité de la cicatrisation : ainsi, une certaine période de repos, de surélévation et la mise en place de froid telles que des poches de glace même au travers du pansement est essentielle au traitement de l’œdème. Il peut obliger à adapter transitoirement les chaussures.
Les douleurs post opératoires seront très facilement contrôlées par les traitements antalgiques mis en place et prescrits par votre chirurgien.
Il est important de veiller à l’hygiène de votre cicatrice tant que les fils sont présents et qu’elle n’est pas totalement étanche.
L’hygiène des mains est capitale et il ne faut jamais toucher la cicatrice sans se laver les mains.
Veillez toujours à disposer chez vous d’un point de lavage ou d’un flacon de produits hydroalcooliques pour l’infirmière qui réalisera vos soins.
Lors d’une chirurgie d’ongle incarné, la cicatrisation passe par plusieurs phases normales de la cicatrisation (dont la phase inflammatoire) plus ou moins marquées en fonction du patient et de l’inflammation pré opératoire.
L’inflammation n’est pas signe d’une infection.
Afin de contrôler la bonne cicatrisation et l’absence de récidive, une consultation post opératoire à 3 semaines de l’intervention sera nécessaire avec votre chirurgien.
RISQUES ET COMPLICATIONS
En plus des risques communs à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, il est possible que la zone opérée s’infecte.
La survenue d’une infection, bien que très rare, est une complication sévère pouvant nécessiter un nettoyage au bloc opératoire ainsi qu’un traitement antibiotique de longue durée.
Ce risque est grandement lié à l’intoxication tabagique. Il est donc très fortement recommandé d’arrêter de fumer avant toute prise en charge chirurgicale.
Dans un certain nombre de cas (5 à 10% selon les études), une récidive de l’ongle incarné est possible et peut nécessiter de nouveaux soins, voire une reprise chirurgicale. La récidive est favorisée par le non-respect des consignes qui vous ont été données notamment la mauvaise coupe des ongles.
Un petit caillot sanguin peut se coincer dans les veines de la jambe provoquant une phlébite. Afin de prévenir cette complication, la marche doit être favorisée.
Enfin, de façon aléatoire et imprévisible, après toute prise en charge médicale et/ou chirurgicale, des phénomènes douloureux peuvent persister et/ou se renforcer.
Parfois des douleurs différentes peuvent survenir.
Ces phénomènes douloureux peuvent s’installer dans le temps sous la forme d’un syndrome douloureux régional complexe (anciennement algodystrophie) : ce syndrome peut évoluer sur de nombreux mois (en moyenne 18 à 24 mois selon les études), et laisser parfois persister des séquelles trophiques ou articulaires définitives.
Des séquelles douloureuses chroniques permanentes locales et/ou à distance du foyer opératoire peuvent également survenir :
– Syndrome douloureux post opératoire chronique
– Douleurs neuropathiques périphériques : ces douleurs sont d’origine nerveuse, leurs causes sont variables et le plus souvent elles ne sont pas liées au geste chirurgical lui-même
Leur mode de survenue, leur diagnostic et leur suivi sont complexes et peuvent relever de la compétence de spécialistes de la prise en charge de la douleur pour des propositions thérapeutiques adaptées souvent longues et parfois d’efficacité partielle.
EN BREF
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